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5 février 2012

Saintes ( 17 ) Eglise SAINT-EUTROPE - La Crypte

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La crypte de saint-Eutrope, ou église souterraine,qui abrite le tombeau du célèbre évangélisateur des Gaules, est le monument religieux le plus ancien de la Saintonge. Son origine remonte peut-être au VIe siècle. Il n'est pas impossible qu'à cette époque Saint Palais, qui venait de découvrir les restes du martyr, ait fait construire un mausolée souterrain dans la " magnifique basilique" qu'il élevait alors. Cependant aucun texte formel ou précis n'existe à ce sujet, de sorte qu'il est également plausible d'admettre que l'église basse a été une conception du moine architecte Benoît qui l'aurait réalisée à la fin du XIe siècle. Nous savons seulement, par des textes historiques, que le Pape Urbain II, de passage à Saintes, consacra l'autel ou il officia en 1096. Il semble pourtant que si l'ensemble, de ce qui est parvenu jusqu'a nous, accuse surtout le XIIe siècle, certains détails et même certaines parties de l'édifice soient nettement antérieurs. Lesson estime que les pleins-cintres de la nef sont du VIIe ou du VIII e siècle et l'Abbé Lacurie n'hésite pas de son côté, a attribuer un groupe de sculptures au VIe siècle.

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Il s'agirait donc en définitive d'un monument dont l'essentiel daterait de la fin du XIe et du commencement du XIIe siècle, mais avec utilisation de restes de constructions antérieures. Par la suite des restaurations seraient intervenues modifiant assez sensiblement l'aspect primitif de l'édifice. La crypte de saint-Eutrope est, aujourd'hui, une des plus vastes et des plus magnifiques qui existent en France. Elle n'a de comparable que celle de Chartres et Violet Le Duc a dit de son sujet : "C'est un des exemples les plus purs de l'architecture du XIIe siècle en France. " Le moine clunisien Benoît, qui en a tracé les plans vers l'an 1080, avait un difficile probleme à résoudre. Il lui fallait tout d'abord, construire un sépulcre, une nécropole, mais en même temps il était nécessaire de ménager autour du tombeau un espace suffisant pour que des foules nombreuses puissent s'y réunir. Le savant architecte réussit magnifiquement dans son entreprise en créant une église double, c'est-a-dire en superposant deux édifices qu'il fit communiquer ensemble par une nef commune, solution qui lui permit de recevoir et d'abriter les plus grandes affluences. Le plan de l'église basse répete exactement celui de la partie correspondant à la partie supérieure ou Inversement et la superposition est telle que la tres élégante absidiole Nord par exemple, éclaire en même temps l'église par ses fenêtres du premier étage et la crypte par celle de son rez-de-chaussée. La nef centrale est séparée de ses collatéraux par des rangées de piliers qui se trouvent directement au-dessous de ceux de l'église haute. Cette crypte qui se distingue de la plupart des églises souterraines par sa largeur inhabituelle comprend essentiellement trois nefs accolées ;

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les deux latérales se terminant par un déambulatoire qui entoure l'abside. Les voutes d'aretes sont soutenues par de gros tores caractéristiques, surbaissés au centre surélevés sur les côtés, reposant sur des piliers carrés ornés de colonnes à chapiteaux sur chaque face. L'abside, ou sont résolus de curieux problemes d'appareillages, forme une sorte de rond-point sur lequel s'ouvrent des chapelles. Derriere l'autel est placé le tombeau, ou les restes du saint reposent depuis le 18 octobre 1843. C'est un cénotaphe de style byzantin qui recouvre un sarcophage en pierre portant gravé en hautes lettres le mot EVTROPIVS. L'entrée de la crypte se fait à l'angle Nord-ouest par un couloir qui passe sous le clocher ; ce couloir est terminé par une longue travée perpendiculaire à la nef. Cette partie de l'édifice a subi de nombreuses modifications imposées les unes par le temps, d'autres par la nécessité d'adapter la crypte à sa nouvelle disposition,aprè la mutilation de 1803. Sur le volumineux pilier qui limite ladite travée a droite se remarque une frise qui, exception faite des œuvres romaines, est la plus ancienne du département. C'est le seul travail mérovingien qui, dans la Saintonge, soit parvenu jusqu'a nous.

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Le côté gauche de la même travée est occupé par trois nefs et deux piliers, également massifs, qui retiennent l'attention par de longues inscriptions en beaux caractères gothiques. Ces piliers s'élèvent de chaque côté de la nef centrale et se trouvent situés directement sous l'ancien clocher. Au XVe siècle, les colonnes, qu'ils recouvrent, montrèrent des signes de fatigue et durent être renforcées. En 1445 on les noya dans d'épais parements de maçonnerie qui reçurent pour commémorer cet événement, lequel fut suivi bientôt par d'autres réparations, des inscriptions à la gloire des bailleurs de fonds, le Prieur Odon de la Baume et Louis XI encore dauphin. A l'extrémité sud de la même travée existe, dans une ancienne chapelle, un puit probablement plus ancien que la crypte elle-même. Son eau miraculeuse aurait servi au baptème des premiers chrétiens. prè de son orifice est une cuve baptismale qui daterait du XIe siècle. C'est un des rares exemplaires de cuves romanes que cette époque nous ait léguées. L'église basse que sa position même a conservé (puisque la malveillance humaine ne pouvait guere se manifester a son égard, qu'en la comblant - ce qui eut lieu 4 plusieurs reprises) a été déblayée, pour la derniere fois, par les soins de l'Abbé Lacurie, qui la rendit au culte en 1843. A ce moment, les chapiteaux furent restaurés car beaucoup avalent été maltraités. Certains furent même completement refaits et ils le furent d'une façon si parfaite qu'il est difficile, aujourd'hui, de différencier les anciens des nouveaux. Pareil travail avait déja été exécuté au XIIIe siècle, de sorte que dans cette crypte, voisinent des oeuvres dont les dates s'échelonnent depuis la lointaine époque de Clovis, jusqu'aux temps modernes. Aucune opposition choquante ne naît cependant de cette disparité. Un archaisme de bon goût - car il ne s'y décèle rien de grossier - règne au contraire sur le tout, uniformisant l'ensemble et créant une œuvre d'art merveilleuse que les années ont heureusement respectée, pour la conserver à notre admiration .

___________________________________________________Texte de Charles CONNOUË

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